Il observa sa mère qui se déplaçait toujours en de telle occasion pour voir briller son fils. Il prit le temps de parcourir chaque trait de son visage puis termina par ses yeux. Ils étaient bleus comme l’océan. On se serait attendu à trouver un petit îlot de fortune, un abri douillet au fond de ses prunelles irisées. Son regard était rempli d’amour pour son fils. Son père, lui, n’était pas là. Mais il avait pris soin d’envoyer un petit mot d’encouragement à son fils. En effet, depuis la brillante percée de l’écrivain, le père s’était rapproché de son fils. Et l’écrivain s’interrogeait sans cesse sur cette nouvelle proximité : il ne pouvait pas croire que son père était intéressé. Alors, il se disait que son père avait toujours été respectueux envers ceux qui avaient réussi, qui avaient du pouvoir et de l’argent et c’était là une suite logique. Mais, où était l’amour dans tout ça? Est-ce qu’auparavant son père nourrissait des sentiments à l’égard de son fils ? Dans le cas contraire, on ne pouvait pas appelé le sentiment actuel de l’amour. Ce n’était pas possible ! Mais, après tout, il s’en fichait. Son père ne l’intéressait pas plus que ça. Seul comptait sa mère, confidente et allié de toujours. Pourtant, étonnement, il gardait une amertume par rapport au comportement de son père. Il voulait savoir jusqu’où il irait. A quel point son père s’abaisserait devant lui ? Sans vraiment s’en apercevoir, il avait commencé sa lecture. Une mécanique bien huilée.
L’écrivain commença à lire. D’abord lentement puis avec plus d’assurance. Car, même s’il avait l’habitude d’être écouté, il connaissait toujours un petit moment d’hésitation et d’adaptation. Comme si, à chaque début de lecture, il revenait à ses doutes d’enfant.
Pas un bruit n’altérait la musique des mots. Elle résonnait dans la pièce, dans un rythme régulier, comme autant de preuves de l’existence de l’Ecrivain. Pourtant, celui-ci ne ressentait pas la satisfaction habituelle que procurait ce genre d’exercice de diction. Un peu trop calme peut-être.