Ce visage est celui de Milan Kundera, un auteur tchèque né à Brno (Moravie), en 1929. Il débute sa carrière par des écrits poétiques. Il se fait connaître en France avec L’Insoutenable légèreté de l’être (1984). Il est aussi l’auteur de plusieurs essais dont Les testaments trahis (1993) suite logique de L’art du roman (1986), deux livres qui se situent entre le roman et l’analyse de
cette forme d’écriture : ses auteurs et sujets principaux, ses polémiques, ses raisons de vivre, sa musicalité. Bref, une subtile mise en abyme qui permet à
Milan Kundera de proposer aux lecteurs son regard sur le monde d’hier et d’aujourd’hui. Récemment (avril 2005) est sorti Le Rideau un autre essai qui fait suite à L’Art du roman et aux Testaments trahis. Dans celui-ci, Kundera nous propose une analyse de la manière d’être de différents personnages emprunté à diverses époque de la littérature : un voyage dans l’espace-temps littéraire qui permet de mieux appréhender la lente évolution d’un art en perpétuel
construction.
Personnellement, j’ai un penchant pour La Plaisanterie, son premier roman écrit
en 1967. Il s’agit d’un roman qui a pour cadre la Tchécoslovaquie communiste.
Une simple carte postale à une amie va déclencher les foudres du parti et l’entraîner au fond du gouffre. Ce cadre est familier à cet auteur et il décrit avec
brio cet univers confiné, kafkaïen et les rouages d’un système aujourd’hui bien connu.
A noter, une œuvre théâtrale, Jacques et son maître, hommage à Denis Diderot (1998), une variation sur Jacques le fataliste de Denis Diderot. Cette « reprise » n’est pas étonnante pour qui a lu Kundera. En effet, Jacques le fataliste est une œuvre moderne, un roman qui fut précurseur en son temps de la littérature d’aujourd’hui car l’auteur établit un « contrat » avec le lecteur, il l’intègre même à son récit et prend une réelle distance avec son propre récit par l’intermédiaire
d’un tiers, le narrateur. Ces procédés de mise en abyme permettent à l’auteur d’entrer en communication avec le lecteur, de prendre une distance qui lui permet d’avoir un regard critique sur le statut de l’écrivain, de l'écriture et sur le roman. Et, c’est là qu’il rejoint Kundera dans son analyse de cet art. Alors, Kundera serait-il un enfant de Diderot ? Dans tous les cas, nul doute que Milan Kundera marquera son siècle et nos esprits !
Concernant son dernier ouvrage, Le Rideau, un article du Nouvel Obs, publié en avril 2005 permettra
de mieux apprécier l’œuvre :
Egalement, un article intitulé "La désintégration du monde européen" écrit par Anneliese Saulin-Ryckewaert qui évoque le regard que porte Kundera sur
l’Europe vient juste de paraître (le 21
novembre 2005) sur le site La revue des ressources :